Trois cœurs, trois lions – Poul Anderson

Dans la préface Les Univers-Livres (Le Bélial’) de Jean-Daniel Brèque, la genèse de ce cycle et sa relation avec d’autres auteurs sont explicitées.
Dans Trois cœurs, trois lions, Holger Carlson est un danois qui a fait ses études aux États-Unis puis rentre dans son pays quand la Seconde Guerre Mondiale éclate pour lutter contre les nazis. Lors d’une opération de la résistance une fusillade laisse Holger blessé à la tête et inconscient. Il se réveille dans une nature sauvage en des temps manifestement médiévaux.
Avec une base de science fiction, le récit s’épanouit dans une fantasy de quête, d’un contexte manichéen de lutte entre la Loi et le Chaos, de magie et de créatures fantastiques. Le flou est installé entre univers parallèle réaliste et expérience purement onirique, la correspondance entre magie et science est constante, la sorcellerie épousant la seconde loi de la thermodynamique, tout système physique fermé tendant vers le désordre, dans un mélange et un tiraillement entre modernité et archaïsme des pensées d’Holger et des dialogues. Avec Hugi, un nain des forêts et Alianora une enfant-cygne, le héros est en décalage mais découvre la correspondance archétypale entre les mondes, l’existence de mythes similaires, des occurrences historiques et la nécessité intrinsèque de sa mission altruiste au-delà de son désir de rentrer. La priorité est donnée à l’aventure classique, bourrée de bonnes idées, d’une drôlerie malicieuse et d’une action prenante. A l’image des légendes arthuriennes et carolingiennes, le récit mélange le monothéisme, la sorcellerie, l’agnosticisme et les arcanes féériques dans un conte conscient de la tradition et avec un champion pragmatique dans sa frustration, obligé de relativiser son système de réalité, appartenant certainement à ce monde qu’il considérait comme une chimère. L’histoire fonctionne à merveille grâce aux moments de bravoure et à un sentimentalisme qui dépasse la mièvrerie dans la projection essentielle d’un univers multiple et d’une humanité menacés par la guerre éternelle.
Dans L’Auberge hors du temps, d’illustres personnages historiques sont invités à se rencontrer dans l’Auberge du Vieux Phénix, lieu central de l’espace-temps communiquant avec l’hypercosmos dans son ensemble. Mais ce brassage du multivers doit rester sur un plan limité pour éviter le partage de connaissances anachroniques pouvant générer des conséquences uchroniques, havre incarnant la résistance de l’Histoire aux influences paradoxales.
Dans La Ballade des perdants, les relations entre les invités de l’Auberge du Vieux Phénix ont évolué avec la nature des personnages, dont certains sont fictifs qui communiquent avec les mondes multiples, et l’accent est mis sur la nature onirique de ce refuge cosmopolite, identifiant le progrès et l’Histoire avec une inspiration intemporelle partagée.

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