Je suis la Mort – Jean-Pierre Hubert

En 2055 l’usage des drogues a été révolutionné par la cybertropine et d’autres substances qui perturbent chimiquement le corps, le cerveau et la conscience de la réalité. Jonis Fall est un musicien toxicomane qui se prend pour la Mort après une crise de terribles visions. Ladislav Tomek est un flic impitoyable qui commence à douter du sens de sa vie de nettoyeur des quartiers infestés des pires criminels et le confesse à l’Église de la Clarté ultime, une secte manipulatrice.
Cet univers de dystopie cyberpunk urbaine, sombre et violente, se base sur l’imprégnation de la réalité par l’intelligence artificielle via le Jus de Mémoire Morte, une substance mutagène modifiant le corps et l’esprit. La source des visions de Jonis intéresse une religion apocalyptique à la recherche d’une révélation transcendante et d’un avènement démesuré. La riche description de cette société inique construit une ambiance épaisse et glauque transpercée par des éclairs de pure folie, massacres et monstruosités. L’action est constante dans la traque du spécimen Jonis, dans cette recherche qui doit mener à l’immortalité et à l’acquisition de la conscience immanente de toute l’espèce depuis son apparition. Au centre de cette histoire se trouve le lien entre technologie et biologie dans une anticipation au questionnement plein d’action typique de la fin des années 90 sur le sens et les implications phénoménologiques, éthiques et même ontologiques que pourrait avoir la transformation radicale de l’être-au-monde dans une modernité déstructurante. Ce roman à la profonde noirceur post-apocalyptique difficilement atténuée lorgne vers le polar nerveux et déroule une créativité débordante.

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